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Travail en élevage laitier Le plus efficace entre petit/grand collectif, avec salariés ou associés ?

Face à la problématique de plus en plus cruciale de la main-d'oeuvre en production bovine laitière, liée à l'agrandissement des fermes et aux changements sociaux survenus ces dernières années, l'institut de l'élevage idele détaille les enjeux que la filière va devoir relever, en particulier en termes d'organisation et de charge de travail, si elle veut continuer à installer des jeunes éleveurs. Et si le type de collectif avait une influence ?

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Le contexte : la main-d'Œuvre, un facteur limitant

3/4 des élevages laitiers concernés ces 10 dernières années.

Nombre de fermes > 100 VL : X 2 en 5 ans (8 000 en 2017 contre 4 000 en 2012)

→ La nature du travail change et la charge augmente.

Les collectifs de travail sont moins familiaux (moins de bénévolat et plus de salariat (17 % de la main-d'œuvre totale)) et comptent davantage de femmes.

Les éleveurs ont de nouvelles exigences en matière de travail : maîtriser le temps dédié, se libérer plus facilement, limiter les astreintes et préserver la santé.

Le besoin de dégager du temps pour se former s'accroît de pair avec la nécessité de savoir piloter des systèmes évoluant en permanence.

Répondre à ces questions est capital pour la filière, afin d'améliorer notamment l'attractivité du métier d'éleveur auprès des jeunes. (Jocelyn Fagon, Idele)

D'autant qu'ils sont de moins en moins à vouloir remplacer un nombre pourtant conséquent de producteurs qui partiront à la retraite d'ici 10 ans

En découlent quatre enjeux majeurs

→ Vu le contexte, les éleveurs doivent réussir à conserver ou à mettre en place des systèmes efficaces en termes de travail.

→ Or d'importants écarts perdurent entre exploitations (en nombre d'heures de travail par vache laitière ou pour 1 000 l de lait produits), qu'elles soient de taille différente ou similaire (cf. graphe ci-dessous).

Type 1 : petit collectif de travail productif. Type 2 : grand collectif de travail avec salariat. Type 3 : grand collectif de travail avec association. (©idele)
 

3 à 15 h de travail/1 000 l de lait pour les fermes en produisant 1 Ml.

Une préoccupation individuelle, au niveau de l'exploitation.

< 2 jours consécutifs libres/an pour 43 % des producteurs laitiers.

Et seulement 7 jours pour les 57 % restants. 

Source : service statistique du ministère de l'agriculture.

On reste très loin des standards observés pour les salariés des autres secteurs professionnels. (Jocelyn Fagon, Idele)

Et un enjeu collectif à l'échelle de la filière en lien avec l'attractivité et l'avenir du métier, la reprise des exploitations et le renouvellement des éleveurs. 

→ Il faut des techniques et outils pour que que le collectif de travail fonctionne.

Autrement dit que les gens puissent travailler ensemble, dans un cadre hiérarchique (entre l'employeur et salarié(s) et/ou apprenti(s)) ou non (entre associés ou salariés).

Les aspects économiques et techniques sont souvent privilégiés, fait remarquer Jocelyn.

Taille/type de collectif de travail : un impact ?

→ C'est ce que cherche à évaluer le projet Casdar Orgue sur l'organisation de travail dans les grandes troupeaux laitiers : 50 élevages étudiés, 130 VL et 1 Ml de lait en moyenne, âge moyen des éleveurs de 42 ans.

L'objectif : « Fournir des repères aux producteurs laitiers en termes de travail pour objectiver l'appréciation qu'ils ont de leur exploitation, leur système et leur fonctionnement, explique Jocelyn Fagon. Ils leur permettront de se positionner par rapport aux autres élevages et de voir leurs marges de progrès. »

3 collectifs de travail sont comparés

Autres chiffres (moyennes) : 90 VL, 735 000 l de lait/an, exploitants de 47 ans.

Les moins représentés dans l'étude : 10 fermes.

Autres chiffres (moyennes) : 165 VL, 1,27 Ml/an, producteurs de 35 ans.

Autres chiffres (moyennes) : 150 VL, 1,29 Ml/an.

À noter : l'âge moyen des exploitants est supérieur dans les petits collectifs comparé aux grands.

Indicateurs de charge de travail (par an) :

(©idele)

Moyenne : 480 000 l/UMO

De gros écarts entre exploitations : entre 230 000 et 730 000 l/UMO

Moyenne : 60 h/VL

Des différences entre fermes : 35 à 80 h/VL

Mais pas d'écart entre collectifs.

Moyenne : 52 VL/UMO

Des différences entre élevages : 30 à 85 VL/UMO

Mais peu d'écart entre grands collectifs avec salariat ou association.

Le plus efficace : le petit collectif productif (63 VL/UMO). 

Le moins efficient : le grand collectif avec salariat (42 VL/UMO).

Moyenne : 3 000 h/UMO

Une grande variabilité entre exploitations, du simple au double : 2 000 à 4 000 h/UMO  (contre 1 600 h pour un salarié aux 35 h en France).

Le plus efficace : le grand collectif avec salariat (2 500 h/UMO).

Le moins efficient : le petit collectif productif (3 500 h/UMO).

Moyenne : 7,7 h/1 000 l

Le plus efficace : le petit collectif productif (7,5 h/1 000 l).

Le moins efficient : le grand collectif avec salariat (8,3 h/1 000 l)

Selon Jocelyn Fagon, ces résultats sont assez subjectifs car liés à la perception qu'ont les éleveurs de leur situation.

D'autres facteurs pour étayer la réflexion

Le plus efficace : le grand collectif associatif (85 % de producteurs satisfaits).

Le moins efficace : le grand collectif avec salariat (50 %)

Au milieu : le petit collectif productif (65 %).

12 h/associé et 9,8 h/salarié

À noter : le robot de traite diminue le temps de travail de 1 h/j.

C'est encore loin d'être évident pour 40 % des éleveurs interrogés.

Par an, en société : 26 j libres les week-ends + 10 j de congés.

3/4 des exploitants se disent exposés.

Dans les grands collectifs : 1 éleveur sur 2 souffre de TMS(1)

 En particulier à cause de la traite.

(1) troubles musculo-squelettiques

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